Violences faites aux femmes
Amnesty International (AI) a lancé, le 5 mars 2004, à Londres, une campagne internationale intitulée "Halte à la violence contre les femmes". "La violence contre les femmes est le pire des scandales de notre époque en matière de droits de l'homme. De la naissance à la mort, en temps de paix comme en temps de guerre, les femmes sont confrontées à la discrimination et à la violence dont se rendent coupables les Etats, la société ou les familles", rappelle l'organisation de défense des droits de l'homme qui dresse un constat sans appel des discriminations et atteintes aux droits de l'homme dont font l'objet des femmes dans le monde.
"L'état des lieux dressé par Amnesty International, dans [son] rapport, est consternant, écrit Marie-Laure Colson dans Libération : de la naissance à la mort, dans toutes les sociétés du monde, riches ou pauvres, les femmes sont discriminées, maltraitées. Au moins une femme sur trois dans le monde a été battue, forcée à des relations sexuelles ou violentée à un moment de sa vie, selon une étude publiée à Baltimore en décembre 1999. C'est le "plus grand scandale de notre temps", accuse l'organisation, qui, pendant deux ans au moins, va enquêter, dénoncer, faire pression pour essayer de "faire changer les mentalités". Amnesty rappelle, qu'a u-delà des dommages immédiats infligés aux victimes, "la violence contre les femmes est pour la société un facteur d'appauvrissement économique, politique et culturel".
Une campagne pour que "ces violations soient reconnues, publiquement condamnées et réparées"
Rapport 2004Le rapport d'Amnesty, intitulé : Mettre fin à la violence contre les femmes. Un combat pour aujourd'hui, décrit la situation des esclaves sexuelles en Sierra Leone, celle des femmes "assassinées au nom de l'honneur" au Moyen-Orient et en Asie, des petites filles qui subissent des mutilations génitales en Afrique de l'Ouest, des Mexicaines enlevées et assassinées à la frontière avec les Etats-Unis.
En Europe occidentale, poursuit l'organisation, des femmes sont battues par leur compagnon, en Europe de l'Est, elles "sont victimes de trafic de prostitution, en Slovaquie orientale des Roms sont stérilisées de force", tandis qu'"en Afrique du Sud, des jeunes filles sont violées parce que leurs violeurs croient qu'une relation sexuelle avec une vierge les guérira du sida".
Face aux multiples "racines" du mal - poids des coutumes et des traditions, lois et code de la famille, illettrisme, pauvreté...- Amnesty soutient que la violence "n'est pas inévitable" et que l'on peut faire changer les mentalités.
Elle propose donc une campagne en "collaboration avec des militants des droits des femmes et des groupes de femmes" qui agissent localement. Il s'agira notamment de faire pression à tous les niveaux (mondial, international, national, local), auprès de tous les acteurs (dirigeants, organisations internationales, particuliers, institutions religieuses, autorités traditionnelles...) pour que "ces violations soient reconnues, publiquement condamnées et réparées".
Libération La maltraitance n'a pas de frontières
Obscurantisme. "Ils m'ont enfermée dans une pièce et on l'a amené chaque jour pour qu'il me viole". "On", ce sont les parents de cette jeune Zimbabwéenne, lesbienne. Il fallait la "corriger". La torture a duré jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. Quand il s'agit des femmes, l'obscurantisme n'a pas de limite. En Afrique subsaharienne, certains hommes croient que violer une vierge guérit du sida. Ailleurs, sa "moralité" vaut plus cher que sa vie. Le 11 mars 2002, 15 écolières ont été brûlées vives dans l'incendie de leur école à La Mecque. Les membres de la police religieuse les ont empêchées de sortir parce qu'elles ne portaient pas le foulard et qu'aucun homme de leur famille n'était présent.
Encore ces histoires de haine et de mépris se déroulent-elles en temps de paix. En temps de guerre, la violence contre les femmes est décuplée, utilisée comme arme, pour terroriser, anéantir l'adversaire. Ce fut le cas en Bosnie-Herzégovine ou au Rwanda. C'est encore le cas dans des pays, Birmanie, Colombie, république démocratique du Congo et autres, où la guerre larvée organise le quotidien. Ca l'est en Afghanistan, deux ans après la fin de l'intervention américaine. La prison pour femmes de Kaboul est remplie de femmes accusées d'adultère ou d'avoir fui le domicile conjugal. Début 2003, le président Hamid Karzaï en avait amnistié une vingtaine : certaines ont été mises à mort, d'autres ont "disparu". Libération, Paris, 6 mars 2004.
http://www.aidh.org/Femme/violence01.htm